On connaît le grand
succès du livre de Guy Corneau, Père manquant, fils manqué. Cet
écrit a marqué son époque. Certes, il date et sans doute que les pères ont
quelque peu changé depuis. Mais le rôle du père dans la famille est toujours
débattu. Il est toujours opportun d’y réfléchir et de discerner ce qui est vécu.
C’est ce que fait le pape François dans son
document intitulé La joie de l’amour. (par. 175-177)
La mère protège l’enfant avec affection, lui
aide à grandir dans la confiance, à développer son auto-estime et sa capacité d’intimité
et d’empathie. Le père, pour sa part, « aide à percevoir les limites de la
réalité, et se caractérise plus par l’orientation, par la sortie vers le monde
plus vaste et comportant des défis, par l’invitation à l’effort et à la
lutte. » La présence de la mère et du père « crée l’atmosphère la
plus propice pour la maturation de l’enfant. »
Dans la société occidentale en particulier, on a
cherché à éliminer le père autoritaire, le père représentant d’une loi qui
s’impose de l’extérieur, le père censeur du bonheur de ses enfants et obstacle
à l’émancipation, à l’autonomie des jeunes. Mais ne va-t-on pas à l’autre
extrême maintenant? Sommes-nous devenons une société sans pères?
« Les pères sont parfois si concentrés sur
eux-mêmes et sur leur propre travail et parfois sur leur propre réalisation
individuelle qu’ils en oublient même la famille. Et ils laissent les enfants et les jeunes seuls. » La présence paternelle est aussi affectée par le
temps consacré aux moyens de communication et à la technologie du divertissement.
Ajoutons à cela le fait qu’aujourd’hui l’autorité est objet de soupçon. Les
pères risquent alors de ne plus donner d’orientations sûres et bien fondées à
leurs enfants. Ces derniers ont pourtant besoin de la présence aimante et
ferme du père pour vivre leur processus de maturation.
Jaillissent alors des questions adressées aux
pères. Jouent-ils avec leurs enfants? Ont-ils le courage et l’amour de perdre
du temps avec leurs enfants? Dialoguent-ils avec eux? Donnent-ils à leurs
enfants, à travers exemples et paroles, les principes, les valeurs, les règles
de vie dont ils ont besoin?
« Il semble que les pères ne sachent pas
bien quelle place occuper en famille et comment éduquer leurs enfants. Et
alors, dans le doute, ils s’abstiennent, se retirent et négligent leurs
responsabilités, en se réfugiant parfois dans un improbable rapport “d’égal à
égal” avec leurs enfants. C’est vrai qu’il faut être “ami” de son enfant, mais
sans oublier que l’on est le père! Si l’on se comporte seulement comme un ami
qui est l’égal de l’enfant, cela ne fera pas de bien au jeune. »
Il n’est pas bon que les enfants soient sans
parents, comme il y en a tellement aujourd’hui. Et pas seulement dans les pays
ravagés par les guerres qui multiplient les orphelins!
Évêque émérite de Gatineau
(40e texte d’une série sur La joie de l’amour)
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