mardi 20 août 2019

Disciples de Jésus et avec son Esprit, osons évangéliser

Devenir un saint, une sainte, c’est marcher à la suite de Jésus. Sa compassion profonde « l’incitait à sortir de lui-même avec vigueur pour annoncer, pour envoyer en mission, pour envoyer guérir et libérer. » (Pape François) (par. 131) Ouvrons les Évangiles. Partout, on constate que l’audace et le courage sont les caractéristiques de sa vie itinérante et missionnaire.
 
C’est la mission de l’Esprit de nous rendre « comme » Jésus, de nous faire participer à sa détermination tendre et fervente pour proclamer l’Évangile. Il nous pousse à sortir de nos sécurités, à aller vers qui est en mal d’espoir, de ressources, de relations. Il faut, comme l’Église nous l’enseigne, supplier l’Esprit de venir et de nous relancer sans cesse à la suite de Jésus : « Viens, Esprit Créateur… »
 
La première communauté chrétienne connaissait ce besoin de l’Esprit et savait intensément l’appeler par la prière. Pierre est en prison. Les disciples sont paralysés par la peur du danger mortel qui les menace. Ils réagissent en priant : « Seigneur, sois attentif à leurs menaces : donne à ceux qui te servent de dire ta parole avec une totale assurance. Étends donc ta main pour que se produisent guérisons, signes et prodiges, par le nom de Jésus, ton Saint, ton Serviteur. » Quand ils eurent fini de prier, « le lieu où ils étaient réunis se mit à trembler, ils furent tous remplis du Saint-Esprit et ils disaient la parole de Dieu avec assurance. » (Actes des Apôtres 4, 29-31)
 
Il faut savoir reconnaître l’obstacle qui risque de nous faire tomber dans la médiocrité et de ne plus annoncer la Parole. « Nous avons en nous la tentation latente de fuir vers un endroit sûr qui peut avoir beaucoup de noms : individualisme, spiritualisme, repli dans de petits cercles, dépendance, routine, répétition de schémas préfixés, dogmatisme, nostalgie, pessimisme, refuge dans les normes. Peut-être refusons-nous de sortir d’un territoire qui nous était connu et commode. » (Pape François, par 134) Que l’Esprit nous pousse sans relâche « à nous déplacer pour aller au-delà de ce qui est connu, vers les périphéries et les frontières. Il nous conduit là où l’humanité est la plus blessée et là où les êtres humains, sous l’apparence de la superficialité et du conformisme, continuent à chercher la réponse à la question du sens de la vie. […] Jésus nous devance dans le cœur de ce frère, dans sa chair blessée, dans sa vie opprimée, dans son âme obscurcie. Il y est déjà. »
 
À nous d’y aller avec audace, de l’y reconnaître et de le servir : voilà notre chemin de sanctification! Et un jour, Jésus nous dira, à notre grand étonnement : « J’avais faim, et vous m’avez donné à manger; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli; j’étais nu, et vous m’avez habillé; j’étais malade, et vous m’avez visité; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi! » (Matthieu 25, 35-36)
 
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau
(40e texte d’une série sur l’appel à la sainteté)

dimanche 11 août 2019

La sainteté est "parresia" pour évangéliser

Que signifie ce mot étrange : parresia? Loin d’être rare dans les écrits apostoliques, ce mot peut se traduire par audace, mais peut évoquer aussi plusieurs comportements dynamiques dans la vie d’un disciple de Jésus. Le pape François l’emploie souvent, particulièrement dans son texte sur la sainteté (par. 129-139). « Audace, enthousiasme, parler en toute liberté, ferveur apostolique, tout cela est compris dans le vocable parresía, terme par lequel la Bible désigne également la liberté d’une existence qui est ouverte, parce qu’elle se trouve disponible à Dieu et aux autres (cf. Ac 4, 29; 9, 28; 28, 31; 2 Co 3, 12; Ep 3, 12; He 3, 6; 10, 19). » (par. 129)
 
La personne qui suit Jésus reçoit en son cœur l’ordre toujours actuel de Jésus Ressuscité : « De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. » (Jean 20, 21) Il souffle dans le cœur du croyant, de la croyante : « Recevez l’Esprit Saint. » Cette action de Jésus ressuscité, par laquelle il actualise sa promesse de présence avec les siens tous les jours, nous permet « de marcher et de servir dans cette attitude pleine de courage que suscitait l’Esprit Saint chez les Apôtres et qui les conduisait à annoncer Jésus-Christ. »
 
Un grand obstacle à l’évangélisation consiste dans le manque de parresía, de ferveur. C’est un engourdissement, une tiédeur qui vient du dedans et nous incite à nous endormir, nous ankyloser dans notre confort. C’est pourtant à tous ses disciples, donc à nous aujourd’hui qui voulons le suivre, que Jésus ordonne : « Avance au large, et jetez vos filets pour la pêche. » (Luc 5, 4) Attachés à Jésus, nous aurons le courage de mettre tous nos charismes au service des autres. Et l’Esprit saura bien faire résonner au fond de notre conscience cette parole qui a jailli du cœur de saint Paul : « Malheur à moi si je n'annonçais pas l’Évangile! » (1 Co 9,16)
 
Jésus doit être toujours notre modèle, notre guide, nous infusant sans cesse son Esprit. Sa compassion profonde ne le paralysait pas dans la peur. Elle l’incitait « à sortir de lui-même avec vigueur pour annoncer, pour envoyer en mission, pour envoyer guérir et libérer. Reconnaissons notre fragilité mais laissons Jésus la saisir de ses mains et nous envoyer en mission. Nous sommes fragiles mais porteurs d’un trésor qui nous grandit et qui peut rendre meilleurs et plus heureux ceux qui le reçoivent. L’audace et le courage apostoliques sont des caractéristiques de la mission. » (par. 131)
 
Quand une personne annonce l’Évangile avec une telle audace, c’est un signe que l’Esprit verse dans son cœur une confiance inébranlable dans la fidélité de Jésus et dans l’amour de Dieu pour elle. C’est ainsi que l’Esprit poursuit l’œuvre de Jésus dans notre monde, dans nos vies!
 
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau
(39e texte d’une série sur l’appel à la sainteté)

dimanche 4 août 2019

La personne sainte a le sens de l’humour

Consentir humblement et en paix à la vie avec son stress et ses heurts de toutes sortes est un don de Jésus qui vient pacifier les cœurs. Lui seul peut nous libérer « de cette agressivité qui jaillit d’un ego démesuré. » (pape François) (par. 121) Il est alors possible de vivre avec une belle assurance intérieure et de supporter les contradictions de toutes sortes.
 
« Ce qui a été dit jusqu’à présent n’implique pas un esprit inhibé, triste, aigri, mélancolique ou un profil bas amorphe. Le saint est capable de vivre joyeux et avec le sens de l’humour. Sans perdre le réalisme, il éclaire les autres avec un esprit positif et rempli d’espérance. » (par. 122)
 
Ordinairement, la joie chrétienne est accompagnée du sens de l’humour. Le pape François nous présente d’abord Thomas More comme un modèle de saint qui sait vivre avec humour. Il cite même intégralement une de ses prières pleines d’humour :
 
« Donne-moi une bonne digestion, Seigneur, et aussi quelque chose à digérer. Donne-moi la santé du corps avec le sens de la garder au mieux. Donne-moi une âme sainte, Seigneur, qui ait les yeux sur la beauté et la pureté, afin qu’elle ne s’épouvante pas en voyant le péché, mais sache redresser la situation. Donne-moi une âme qui ignore l’ennui, le gémissement et le soupir. Ne permets pas que je me fasse trop de souci pour cette chose encombrante que j’appelle “moi”. Seigneur, donne-moi l’humour pour que je tire quelque bonheur de cette vie et en fasse profiter les autres. » (source)
 
Le pape donne aussi en exemple saint Philippe Néri. Voici quelques traits de cet humour si souriant et si brûlant! À quelqu’un qui l’interroge sur l’opportunité de porter un cilice, il répond : « Certainement, mais au-dessus des vêtements ». À un autre qui l’entretient des transports mystiques d’une très pieuse jeune fille, il réagit : « Qu’on la marie! » (sens de l'humour)
 
Après son bref texte sur l’humour, le pape François revient sur la joie. C’est là un autre signe qu’est profondément ancrée dans son cœur la certitude que la joie est la caractéristique de la personne qui croit en Jésus et le suit.
 
Dieu « nous veut positifs, reconnaissants et pas trop compliqués. […] En toute circonstance, il faut garder un esprit souple. […] C’est ce que vivait saint François d’Assise, capable d’être ému de gratitude devant un morceau de pain dur, ou bien, heureux de louer Dieu uniquement pour la brise qui caressait son visage. » (par. 127)
 
Cette joie se vit non pas dans une consommation individualiste et égocentrique. Elle le vit dans la communion et le partage. « Dieu aime celui qui donne avec joie » (2 Corinthiens 9,7).
 
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau
(38e texte d’une série sur l’appel à la sainteté)

mardi 30 juillet 2019

« Un saint triste est un triste saint »

Ce proverbe tiré des écrits de s. François de Sales dit en négatif ce que le pape François répète sans cesse en positif. Le titre de son exhortation apostolique Réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse le montre bien, comme d’ailleurs les titres de tous ses textes majeurs (sauf le premier : Lumen Fidei). Le même thème est développé dans de très nombreux textes d’homélie et de discours lors des audiences du mercredi.
 
Continuant à exposer ce qu’est la sainteté chrétienne (par. 122-124), le pape nous donne un riche résumé des enseignements bibliques sur la joie.
 
Les prophètes annonçaient le temps du Messie comme une explosion de joie : « Pousse des cris de joie, des clameurs » (Isaïe 12, 6). Le même prophète exhorte la nature à participer à la joie du peuple qui attend le Messie : « Que les montagnes poussent des cris, car le Seigneur a consolé son peuple, il prend en pitié ses affligés » (49, 13). Et Zacharie exhorte le peuple à une joie exubérante : « Exulte avec force, fille de Sion! Crie de joie, fille de Jérusalem! Voici que ton roi vient à toi : il est juste et victorieux, humble. »
 
Marie enceinte de Jésus actualise dans sa rencontre avec Élisabeth cette joie promise et enfin arrivée : « Mon esprit tressaille de joie en Dieu mon sauveur. » (Luc 1,47) Quand Jésus passait, « la foule était dans la joie » (Luc 13, 17). Après sa résurrection, Jésus va rejoindre ses amis angoissés et terrés. Il leur dit : « La paix soit avec vous! » Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur. Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. » Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint. » (Jean 20, 20-22) Dans son testament, Jésus donne aux siens l’assurance que sa joie sera vivante et active dans ses disciples et que rien ne pourra la leur enlever!
 
Cet échantillon bien court peut toutefois suffire à qui veut saisir que, selon la Parole de Dieu, la joie est une dimension essentielle de toute vie chrétienne, de toute marche vers la sainteté. Méditer ces textes ou d’autres de la bible sur la joie réveille en nous cette source inépuisable de joie qu’est l’Esprit du Ressuscité. Car la joie est un merveilleux fruit que l’Esprit entretient dans le cœur des disciples de Jésus qui se comportent comme frères et sœurs en Église et responsables de l’amour des plus faibles, des plus marginalisés autour d’eux.
 
Notre pape rayonne de cette joie qu’il nous enseigne : il en témoigne par son visage et ses gestes.
 
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau
(37e texte d’une série sur l’appel à la sainteté)

samedi 20 juillet 2019

Une personne sainte est humble

Une forme subtile de violence dans notre société consiste à regarder les autres de haut, à les juger et à passer son temps à leur donner des leçons. Mieux vaut, pour la paix, se réjouir du bien d’autrui, surtout des personnes qui nous reviennent le moins. Sans une telle attitude, impossible de croître dans la charité et donc de marcher sur le chemin de la sainteté. Car pas de charité sans humilité!
 
Le pape François (par. 117-121) commente les défis et combats de qui veut suivre Jésus qui est doux et humble de cœur. « L’humilité ne peut s’enraciner dans le cœur qu’à travers les humiliations. Sans elles, il n’y a ni humilité ni sainteté. Si tu n’es pas capable de supporter et de souffrir quelques humiliations, tu n’es pas humble et tu n’es pas sur le chemin de la sainteté. »
 
« La sainteté que Dieu offre à son Église vient à travers l’humiliation de son Fils. Voilà le chemin! L’humiliation te conduit à ressembler à Jésus, c’est une partie inéluctable de l’imitation de Jésus-Christ : “Le Christ […] a souffert pour vous, vous laissant un modèle afin que vous suiviez ses traces” (1 Pierre 2, 21). Pour sa part, il exprime l’humilité du Père qui s’humilie pour marcher avec son peuple, qui supporte ses infidélités et ses murmures. »
 
Le pape commente ensuite les « humiliations quotidiennes de ceux qui se taisent pour sauver leur famille, ou évitent de parler bien d’eux-mêmes et préfèrent louer les autres au lieu de se glorifier, choisissent les tâches les moins gratifiantes, et même préfèrent parfois supporter quelque chose d’injuste pour l’offrir au Seigneur. » Une personne humble, c’est-à-dire libérée de l’égocentrisme, peut oser discuter gentiment, réclamer la justice ou défendre les faibles face aux puissants, bien que cela lui attire des conséquences négatives pour son image.
 
L’humiliation n’est pas une chose agréable. Mais c’est « un chemin pour imiter Jésus et grandir dans l’union avec lui. Cela ne va pas de soi et le monde se moque d’une pareille proposition. C’est une grâce qu’il nous faut demander : “Seigneur, quand arrivent les humiliations, aide-moi à sentir que je suis derrière toi, sur ton chemin”. »
 
Cette attitude suppose un cœur libéré de cette agressivité qui jaillit d’un ego démesuré. C’est là l’œuvre du Christ et de l’Esprit qui permet de persévérer à faire le bien au milieu des obstacles, des rejets, des risques des toutes sortes. C’est cette assurance intérieure qui permet au psalmiste de se coucher avec un cœur pacifié et de bien dormir : « Dans la paix moi aussi, je me couche et je dors, car tu me donnes d'habiter, Seigneur, seul, dans la confiance. » (Psaume 4,9)
 
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau
(36e texte d’une série sur l’appel à la sainteté)

samedi 13 juillet 2019

Une personne sainte intervient avec douceur dans les médias sociaux

Notre société est violente. Il ne s’agit pas toujours d’actes mortifères, bien qu’il y en ait trop! Mais la violence, surtout verbale, est partout, et marque particulièrement certains domaines.
 
Il suffit de conduire une automobile pour constater la brusquerie, les manques de civilité qui y règnent souvent. Pensons aux crises de « rage au volant » qui conduisent à des altercations, des insultes, souvent des provocations et même parfois des morts.
 
Et le domaine des médias sociaux, domaine favorable à l’expression sans retenue des émotions et des sentiments, devient une tentation pour des déferlements de violence verbale. Le pape François (par. 115) commente cette situation.
 
« Les chrétiens aussi peuvent faire partie des réseaux de violence verbale sur Internet et à travers les différents forums ou espaces d’échange digital. Même dans des milieux catholiques, on peut dépasser les limites, on a coutume de banaliser la diffamation et la calomnie, et toute éthique ainsi que tout respect de la renommée d’autrui semblent évacués. » On écrit ou dit sur ces réseaux des choses « qui ne seraient pas tolérables dans la vie publique, et on cherche à compenser ses propres insatisfactions en faisant déferler avec furie les désirs de vengeance. »
 
On y ignore trop souvent le huitième commandement de Dieu : « Ne pas porter de faux témoignage, ni mentir », et, commente le pape, « on détruit l’image de l’autre sans pitié. » Mettre de côté tout principe éthique, et en particulier le respect dû à la dignité de toute personne et le respect de la vérité, ouvre les vannes pour un déferlement de violence verbale qui peut plonger certaines personnes dans une détresse qui va jusqu’à conduire au suicide.
 
Rester fermement unis à Jésus donne une force intérieure qui « nous préserve de la contagion de la violence qui envahit la vie sociale, car la grâce apaise la vanité et rend possible la douceur du cœur. Le saint ne consacre pas ses énergies à déplorer les erreurs d’autrui; il est capable de faire silence devant les défauts de ses frères et il évite la violence verbale qui dévaste et maltraite. »
 
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau
(35e texte d’une série sur l’appel à la sainteté)

samedi 6 juillet 2019

Une personne sainte est patiente

Nous vivons dans un monde où abondent les occasions de stress, de violence physique ou verbale. Comment une personne qui veut suivre Jésus peut-elle y vivre avec la paix dans le cœur?
 
Le pape François (par. 112-114) nous aide à examiner cette question, pour le plus grand profit de relations pacifiées avec notre milieu social et ecclésial. Cette situation appelle de la patience, de l’endurance, de la douceur.
 
L’attitude essentielle exigée dans ces situations est de demeurer dans la main de Dieu. Jésus nous révèle que Dieu le Père nous aime et nous soutient; et il nous demande de lui faire totalement confiance. « Si Dieu donne un tel vêtement à l’herbe des champs, qui est là aujourd’hui, et qui demain sera jetée au feu, ne fera-t-il pas bien davantage pour vous, hommes de peu de foi? Ne vous faites donc pas tant de souci. […] Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice, et tout cela vous sera donné par surcroît. Ne vous faites pas de souci pour demain : demain aura souci de lui-même; à chaque jour suffit sa peine. » (Matthieu 6, 30-34)
 
« Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous? », atteste s. Paul (Romains 8, 31). Rester centré sur Dieu qui nous aime donne une force intérieure qui rend capable « d’endurer, de supporter les contrariétés, les vicissitudes de la vie, et aussi les agressions de la part des autres, leurs infidélités et leurs défauts. […] Voilà la source de la paix qui s’exprime dans les attitudes d’un saint. Grâce à cette force intérieure, le témoignage de sainteté, dans notre monde pressé, changeant et agressif, est fait de patience et de constance dans le bien. »
 
S’appuyer sur Dieu rend apte à vivre des relations pacifiques et fidèles envers les humains. Qui tient fermement à Dieu n’abandonne pas dans les moments difficiles : il ne se laisse pas mener par l’anxiété et reste aux côtés des autres qui souffrent.
 
Saint Paul demande aux chrétiens de ne « rendre à personne le mal pour le mal » (Romains 12,17). Il ne faut pas se faire justice à soi-même, ni se laisser vaincre par le mal, mais à être vainqueur « du mal par le bien ». Cette attitude n’est pas un signe de faiblesse, mais une participation à la force de Dieu qui est « lent à la colère ». La Parole de Dieu nous met en garde : « Aigreur, emportement, colère, clameurs, outrages, tout cela doit être extirpé de chez vous, avec la malice sous toutes ses formes » (Éphésiens 4, 31-32).
 
La marche qui est sanctifiante est une lutte face à nos penchants agressifs ou égocentriques. Pour garder la paix du cœur quand des circonstances nous accablent, il faut recourir à la prière de supplication par laquelle nous demeurons bien reliés aux mains de Dieu, force de sécurité et source de la paix : « N’entretenez aucun souci; mais en tout besoin recourez à l’oraison et à la prière, pénétrées d’action de grâces, pour présenter vos requêtes à Dieu. Alors la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, prendra sous sa garde vos cœurs et vos pensées » (Philippiens 4, 6-7).
 
La confiance en Dieu qui nous aime et nous soutient pacifie nos attitudes et nos relations.
 
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau
(34e texte d’une série sur l’appel à la sainteté)