Comme la
joie et l’amour, la paix est un fruit de l’Esprit (cf. Ga 5, 22) (1). Le pape François
(dans La joie de l’Évangile par,
217-237 (2)) montre que le bien commun (3) et la paix (4) font partie d’une
annonce véritable de la dimension sociale de l’Évangile.
Il rappelle d’abord que la paix
n’est pas simplement une absence de guerre, de violence obtenue par
l’imposition d’un secteur sur les autres. De même, la paix ne peut pas servir
d’excuse « pour justifier une organisation sociale qui réduit au silence
ou tranquillise les plus pauvres, de manière à ce que ceux qui jouissent des
plus grands bénéfices puissent conserver leur style de vie sans heurt, alors que
les autres survivent comme ils peuvent. Les revendications sociales qui ont un
rapport avec la distribution des revenus, l’intégration sociale des pauvres et
les droits humains ne peuvent pas être étouffées sous prétexte de construire un
consensus de bureau ou une paix éphémère, pour une minorité heureuse. La
dignité de la personne humaine et le bien commun sont au-dessus de la
tranquillité de quelques-uns qui ne veulent pas renoncer à leurs
privilèges. »
La paix suppose un ordre qui
comporte une justice plus parfaite entre les hommes. « En définitive, une
paix qui n’est pas le fruit du développement intégral de tous n’aura pas
d’avenir et sera toujours semence de nouveaux conflits et de diverses formes de
violence. »
Le pape affirme que « pour
avancer dans cette construction d’un peuple en paix, juste et fraternel, il y
quatre principes reliés à des tensions bipolaires propres à toute réalité
sociale. » Ils « orientent
spécifiquement le développement de la cohabitation sociale et la construction
d’un peuple où les différences s’harmonisent dans un projet commun. » Leur
application « peut être un authentique chemin vers la paix dans chaque
nation et dans le monde entier. »
Voici ces quatre principes :
·
Le temps
est supérieur à l’espace. « Ce
principe permet de travailler à long terme, sans être obsédé par les résultats
immédiats. Il aide à supporter avec patience les situations difficiles et
adverses, ou les changements des plans qu’impose le dynamisme de la
réalité. »
·
L’unité
est supérieure au conflit. « C’est d’accepter de supporter le conflit, de le résoudre et de le
transformer en un maillon d’un nouveau processus. »
·
La
réalité est supérieure à l’idée. « Ce critère est lié à l’incarnation de la Parole et à sa mise en
pratique. »
·
Le tout
est supérieur à la partie. Il faut
« prêter attention à la dimension globale pour ne pas tomber dans une
mesquinerie quotidienne. En même temps, il ne faut pas perdre de vue ce qui est
local, ce qui nous fait marcher les pieds sur terre. »
« Bienheureux les artisans de
paix! » En suis-je un dans mon milieu?
(40e
texte d’une série sur la joie)
† Roger ÉbacherÉvêque émérite de Gatineau