L’accompagnement
personnel assure une aide précieuse dans le processus de croissance de la foi
et de la vie chrétienne. C’est ce que le pape François montre très concrètement
dans La joie de l’Évangile (par.
169ss). « Dans une civilisation paradoxalement blessée par
l’anonymat et, en même temps, obsédée par les détails de la vie des autres,
malade de curiosité morbide, l’Église a besoin d’un regard de proximité pour
contempler, s’émouvoir et s’arrêter devant l’autre chaque fois que cela est
nécessaire. » Il s’agit de «rendre présent le parfum de la présence proche
de Jésus et son regard personnel. »
Cet « art de l’accompagnement » nous apprend à ôter nos sandales devant la terre sacrée de l’autre
(cf. Ex 3, 5). « Nous devons donner à notre chemin le rythme
salutaire de la proximité, avec un regard respectueux et plein de compassion
mais qui en même temps guérit, libère et encourage à mûrir dans la vie
chrétienne. »
Cet art exige prudence, compréhension, capacité d’attendre, docilité à
l’Esprit. Y est essentielle la capacité d’écoute, « qui est plus que le
fait d’entendre. » Car écouter exige la proximité, sans laquelle il
n’existe pas une véritable rencontre spirituelle. Et il y faut toujours la
patience. Il s’agit d'orienter les personnes vers leur maturité afin qu’elles
soient capables de décisions vraiment libres et responsables. Pour cela, il est
indispensable de donner du temps, avec une immense patience.
« Dans tous les cas, un bon accompagnateur ne cède ni au
fatalisme ni à la pusillanimité. Il invite toujours à vouloir se soigner, à se
relever, à embrasser la croix, à tout laisser, à sortir toujours de nouveau
pour annoncer l’Évangile. L’expérience personnelle de nous laisser accompagner
et soigner, réussissant à exprimer en toute sincérité notre vie devant celui
qui nous accompagne, nous enseigne à être patients et compréhensifs avec les
autres, et nous met en mesure de trouver les façons de réveiller en eux la
confiance, l’ouverture et la disposition à grandir. »
Suis-je accompagné dans mon
cheminement spirituel? Ai-je déjà pratiqué cet art? Si oui, j’en ai tiré
quelle sagesse?
(35e texte d’une série sur la joie)
† Roger ÉbacherÉvêque émérite de Gatineau