La Bible
témoigne que les pauvres ont une place de choix dans le cœur miséricordieux de Dieu. Cette préférence divine a des
conséquences dans la vie de foi de tous les chrétiens, appelés à avoir « les
mêmes sentiments qui sont dans le Christ Jésus » (Ph 2, 5). L’Église
doit opter pour la même préférence et affirme son option pour les pauvres.
« Pour cette raison, commente le pape François (dans La joie de l'Évangile par. 198), je désire une Église pauvre pour les pauvres. Ils ont beaucoup à nous enseigner. » Par leurs
propres souffrances, ils connaissent le Christ souffrant. Il est nécessaire que
tous nous nous laissions évangéliser par eux. « La nouvelle évangélisation
est une invitation à reconnaître la force salvifique de leurs existences, et à
les mettre au centre du cheminement de l’Église. Nous sommes appelés à
découvrir le Christ en eux, à prêter notre voix à leurs causes, mais aussi à
être leurs amis, à les écouter, à les comprendre et à accueillir la mystérieuse
sagesse que Dieu veut nous communiquer à travers eux. »
Cette priorité appelle une attention aimante à la personne du pauvre,
une proximité réelle et cordiale.
« Cela implique de valoriser le pauvre dans sa bonté propre, avec
sa manière d’être, avec sa culture, avec sa façon de vivre la foi. Le véritable
amour est toujours contemplatif, il nous permet de servir l’autre non par
nécessité ni par vanité, mais parce qu’il est beau, au-delà de ses apparences. »
Et le pape conclut : « Personne ne peut se sentir exempté de
la préoccupation pour les pauvres et pour la justice sociale. » Et avec
émotion et grande franchise, il nous dit ses appréhensions. « Je crains
que ces paroles fassent seulement l’objet de quelques commentaires sans
véritables conséquences pratiques. Malgré tout, j’ai confiance dans l’ouverture
et dans les bonnes dispositions des chrétiens, et je vous demande de rechercher
communautairement de nouveaux chemins pour accueillir cette proposition
renouvelée. »
Comment une telle interpellation, si directe et émouvante, me rejoint,
me pousse à l’action?
(37e texte d’une série sur la joie)
† Roger ÉbacherÉvêque émérite de Gatineau