« La nécessité de résoudre les causes structurelles de la pauvreté ne peut attendre », affirme vigoureusement le pape François (La joie de l’Évangile par. 202). Les plans d’assistance qui font face à certaines urgences ne sont que des réponses provisoires. « Tant que ne seront pas résolus radicalement les problèmes des pauvres, en renonçant à l’autonomie absolue des marchés et de la spéculation financière, et en attaquant les causes structurelles de la disparité sociale, les problèmes du monde ne seront pas résolus, ni en définitive aucun problème. La disparité sociale est la racine des maux de la société. »
Le système économique mondial n’aime pas de telles prises de parole!
« C’est gênant de parler d’éthique,
c’est gênant de parler de solidarité mondiale, c’est gênant de parler de
distribution des biens, c’est gênant de parler de défendre les emplois, c’est
gênant de parler de la dignité des faibles, c’est gênant de parler d’un Dieu
qui exige un engagement pour la justice. » Et le pape ajoute : «La
vocation d’entrepreneur est un noble travail, il doit se laisser toujours
interroger par un sens plus large de la vie; ceci lui permet de servir vraiment
le bien commun, par ses efforts de multiplier et rendre plus accessibles à tous
les biens de ce monde. »
« Nous ne pouvons plus avoir confiance dans les
forces aveugles et dans la main invisible du marché. La croissance dans
l’équité exige quelque chose de plus que la croissance économique, bien qu’elle
la suppose; elle demande des décisions, des programmes, des mécanismes et des
processus spécifiquement orientés vers une meilleure distribution des revenus,
la création d’opportunités d’emplois, une promotion intégrale des pauvres qui
dépasse le simple assistanat. »
Et encore
ici, le pape nous ouvre son cœur. « Si
quelqu’un se sent offensé par mes paroles, je lui dis que je les exprime avec
affection et avec la meilleure des intentions, loin d’un quelconque intérêt
personnel ou d’idéologie politique. Ma parole n’est pas celle d’un ennemi ni
d’un opposant. Seul m’intéresse de faire en sorte que ceux qui sont esclaves
d’une mentalité individualiste, indifférente et égoïste puissent se libérer de ces
chaînes si indignes, et adoptent un style de vie et de pensée plus humain, plus
noble, plus fécond, qui confère dignité à leur passage sur cette terre. »
Que puis-je faire dans mon milieu
pour sensibiliser entrepreneurs et politiciens à cet appel papal?
(38e texte d’une série sur la joie)
† Roger ÉbacherÉvêque émérite de Gatineau