dimanche 2 août 2015

François et François

Le pape actuel, François, a voulu choisir ce nom en mémoire de saint François d’Assise. Il en a fait ainsi son saint patron et en quelque sorte son inspirateur. Il l’a souvent affirmé. Et dans sa récente encyclique sur l’écologie, il explicite longuement la capacité de François d’Assise d’inspirer notre monde actuel en mal dans ses relations avec notre terre et avec les personnes qui forment notre humanité. Il nomme le saint d’Assise : « Un beau modèle capable de nous motiver. » Voici ce qu’il en écrit.
 
« J’ai pris son nom comme guide et inspiration au moment de mon élection en tant qu’Évêque de Rome. Je crois que François est l’exemple par excellence de la protection de ce qui est faible et d’une écologie intégrale, vécue avec joie et authenticité. C’est le saint patron de tous ceux qui étudient et travaillent autour de l’écologie, aimé aussi par beaucoup de personnes qui ne sont pas chrétiennes. Il a manifesté une attention particulière envers la création de Dieu ainsi qu’envers les pauvres et les abandonnés. Il aimait et était aimé pour sa joie, pour son généreux engagement et pour son cœur universel. C’était un mystique et un pèlerin qui vivait avec simplicité et dans une merveilleuse harmonie avec Dieu, avec les autres, avec la nature et avec lui-même. En lui, on voit jusqu’à quel point sont inséparables la préoccupation pour la nature, la justice envers les pauvres, l’engagement pour la société et la paix intérieure. » (10)
 
Et le pape affirme que le témoigne de saint François nous montre « qu’une écologie intégrale requiert une ouverture à des catégories qui transcendent le langage des mathématiques ou de la biologie, et nous orientent vers l’essence de l’humain. Tout comme cela arrive quand nous tombons amoureux d’une personne, chaque fois qu’il regardait le soleil, la lune ou les animaux même les plus petits, sa réaction était de chanter, en incorporant dans sa louange les autres créatures. »
 
« Sa réaction était bien plus qu’une valorisation intellectuelle ou qu’un calcul économique, parce que pour lui, n’importe quelle créature était une sœur, unie à lui par des liens d’affection. Voilà pourquoi il se sentait appelé à protéger tout ce qui existe. » IL était rempli de tendresses envers toute créature comme envers un frère ou une sœur. Et le pape souligne la nécessité de cette approche de la nature. « Si nous nous approchons de la nature et de l’environnement sans cette ouverture à l’étonnement et à l’émerveillement, si nous ne parlons plus le langage de la fraternité et de la beauté dans notre relation avec le monde, nos attitudes seront celles du dominateur, du consommateur ou du pur exploiteur de ressources, incapable de fixer des limites à ses intérêts immédiats. En revanche, si nous nous sentons intimement unis à tout ce qui existe, la sobriété et le souci de protection jailliront spontanément. La pauvreté et l’austérité de saint François n’étaient pas un ascétisme purement extérieur, mais quelque chose de plus radical : un renoncement à transformer la réalité en pur objet d'usage et de domination. »
 
La nature est un splendide livre dans lequel Dieu nous parle, nous révèle quelque chose de sa beauté et de sa bonté. « Le monde est plus qu’un problème à résoudre, il est un mystère joyeux que nous contemplons dans la joie et dans la louange. » (12)
 
(3e texte d'une série sur l'encyclique du pape François)
 
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau