mercredi 5 décembre 2012

Vatican II et l’avenir de l’humanité

Les textes précédents de la présente série sur Vatican II ont effleuré plusieurs sujets vitaux pour nos relations sociales et notre bonheur dans la paix et la fraternité. Dans son grand texte « L’Église dans le monde de ce temps », le concile nous invite à réfléchir sur encore d’autres thèmes cruciaux pour aujourd’hui.

Je pense à la coopération internationale.  La crise vécue récemment par « Développement et Paix » et les priorités fixées par notre gouvernement dans  son soutien aux pays pauvres nous poussent à examiner notre volonté et notre capacité d’œuvrer  au développement des populations les plus délaissées de la terre. C’est là un pressant devoir si nous voulons vraiment bâtir la paix. Car la pauvreté d’une part et l’accaparement des richesses d’autre part est une cause importante des multiples tensions qui déchirent les nations et entretiennent la menace de guerres intercontinentales.

« Pour édifier un véritable ordre économique mondial, il faut en finir avec l’appétit de bénéfices excessifs, avec les ambitions nationales et les volontés de domination politique, avec les calculs des stratégies militaristes ainsi qu’avec les manœuvres dont le but est de propager ou d’imposer une idéologie. Une grande diversité des systèmes économiques et sociaux se présentent : il est à souhaiter que les hommes compétents puissent y trouver des bases communes pour un sain commerce mondial, ce qui sera bien facilité si chacun renonce à ses propres préjugés et se prête sans retard à un dialogue sincère. » (par. 85.3)

Ce document conciliaire commence par une affirmation qui est aussi un impérieux programme : « Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n’est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur. » (par. 1) L’espérance qui colore tout le texte est plus que jamais nécessaire. Beaucoup de crises de toutes sortes peuvent nous pousser à un pessimisme qui invite à nous renfermer sur nos propres intérêts et laisser le reste du monde à son destin misérable. Il faut donc savoir regarder notre monde en nous souvenant de cette affirmation bouleversante de l’évangéliste Jean : « Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle. » (3,16)

Une saine inquiétude face au destin de notre humanité et de notre planète nous incite à relire ces textes qui datent certes de cinquante ans, mais qui n’ont rien perdu de leurs énergies qui sont bien aptes à renouveler nos engagements personnels, communautaires et sociaux en vue du bien commun et de la paix de l’humanité. Les grands développements en écologie, de nouvelles spiritualités, des réseaux de solidarité sans cesse en action, une nouvelle sensibilité éthique dans ces domaines se montrent capables d’un renouveau de vitalité en ces domaines qui concernent toute notre planète. Certains y verront une utopie. Mais il faut rêver pour s’engager et changer notre monde pour le mieux-être et l’avenir des jeunes générations.
(17e texte d’une série sur Vatican II)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau