dimanche 9 décembre 2012

Vatican II explicite notre conscience de l’Église

En ouvrant le document conciliaire sur « L’Église », nous sommes témoins de l’Église, par et avec ses évêques, approfondissant son mystère et de sa mission. Pour cela, elle retourne à ses sources vives : les Écritures et la grande tradition patristique.  C’est un texte d’une grande richesse et densité. Aussi, faut-il le lire lentement et le méditer. Il met en question notre idée de l’Église. Comment la voyons-nous? Comment nous y situons-nous nous-mêmes? Quelle est notre expérience de l’Église? Avons-nous creusé, à l’intérieur des apparences extérieures et des structures, son mystère profond, son sens, sa mission?

Dès les premiers mots, on affirme fermement que l’Église n’existe pas pour elle-même mais pour sa mission.  C’est le Christ Jésus Ressuscité « qui est la lumière des peuples.» L’Église s’atteste au service de cette lumière pour le salut du genre humain et de toute la création.  Elle se décrit comme « dans le Christ, en quelque sorte le sacrement, c’est-à-dire à la fois le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain. » Et c’est ainsi située qu’elle se propose « de mettre dans une plus vive lumière, pour ses fidèles et pour le monde entier, […] sa propre nature et sa mission universelle. » (par. 1) Prenons conscience que cette auto-affirmation de l’Église est encore plus urgente pour nous aujourd’hui qui sommes lancés dans une mondialisation pleine d'espoirs et de dangers. « Il faut que tous les hommes, désormais plus étroitement unis entre eux par les liens sociaux, techniques, culturels, réalisent également leur pleine unité dans le Christ. »

Tel est bien le grand dessein universel de salut de Dieu le Père. Créateur de tout dans sa bonté généreuse, il a voulu appeler les humains à participer à sa vie divine. Malgré les refus répétés, « il ne les a pas abandonnés, leur apportant sans cesse les secours salutaires, en considération du Christ rédempteur. » (par. 2) Et le Père « a convoqué tous ceux qui croient au Christ dans la sainte Église qui, annoncée en figure dès l’origine du monde, merveilleusement préparée dans l’histoire du peuple d’Israël et de l’ancienne Alliance, établie enfin dans ces temps qui sont les derniers, s’est manifestée grâce à l’effusion de l’Esprit Saint et, au terme des siècles, se consommera dans la gloire. »

Jésus, le Fils de Dieu envoyé  par le Père, inaugura « le Royaume des cieux sur la terre.» (par. 3) Et l’Église, qui est le règne de Dieu déjà en acte parmi nous « opère dans le monde, par la vertu de Dieu, sa croissance visible. » Cette croissance s’accomplit tout particulièrement par la célébration eucharistique où « l’œuvre de notre Rédemption s’opère. » En même temps y « est représentée et réalisée l’unité des fidèles qui, dans le Christ, forment un seul corps.»  Tous les humains sont appelés à cette union avec le Christ, lumière du monde.

« Le jour de Pentecôte, l’Esprit Saint fut envoyé qui devait sanctifier l’Église en permanence.» C’est lui l’Esprit de vie, la source d’eau jaillissant du cœur ouvert de Jésus sur la Croix et qui devient source dans le cœur des croyants pour la vie éternelle.  « L’Esprit habite dans l’Église et dans le cœur des fidèles comme dans un temple (cf. 1 Co 3, 16 ; 6, 19), en eux il prie et atteste leur condition de fils de Dieu par adoption (cf. Ga 4, 6 ; Rm 8, 15-16.26). » Cet Esprit bâtit l’Église « et la dirige grâce à la diversité des dons hiérarchiques et charismatiques, il l’orne de ses fruits (cf. Ep 4, 11-12 ; 1 Co 12, 4 ; Ga 5, 22). Par la vertu de l’Évangile, il fait la jeunesse de l’Église et la renouvelle sans cesse.» (par. 4)

Quelle synthèse magnifique et inspirante du grand projet d’amour de Dieu pour le monde ! En méditant ces textes tellement riches et inépuisables, nous pénétrons peu à peu dans une nouvelle perception de l’Église, de sa nature, de sa mission. Et nous remontons jusqu’à son origine dans la vie intime de Dieu-Trinité. L’Église est un « peuple qui tire son unité de l’unité du Père et du Fils et de l’Esprit Saint ».

Il faut sans cesse revenir à ce document. Il n’a pas encore donné tous ses fruits.
(18e texte d’une série sur Vatican II)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau