dimanche 16 décembre 2012

Vatican II et les images bibliques de l’Église

Vatican II (L’Église par. 5) situe l’histoire de l’Église à l'aide de l’image du Royaume de Dieu. Présenté dans l’Ancien Testament sous diverses figures, ce Royaume brille « aux yeux des hommes dans la parole, les œuvres et la présence du Christ ». Sa Parole est comme une semence dans un champ. Ceux qui l’écoutent accueillent le Royaume qui croît jusqu’au temps de la moisson (cf. Mc 4, 26-29). Ses miracles confirment que le Royaume est déjà venu sur la terre (Lc 11, 20 ; Mt 12, 28). Finalement, le Royaume se manifeste dans la personne même de Jésus le Christ. Puis l’Église reçoit la mission d’annoncer ce Royaume et de l’instaurer dans toutes les nations. Elle forme « de ce Royaume le germe et le commencement sur la terre. »

Le même texte (par. 6) fournit plusieurs images de l’Église. Elles nous orientent vers la nature intime de l’Église. Cette approche est fondamentale, car nous sommes toujours tentés de ne voir que l’extérieur, la structure de l’Église, non son âme! Ces images sont tirées de trois domaines de l’expérience humaine : la vie pastorale et des champs, le travail de construction, la famille et les épousailles. Ce texte est tellement riche que je ne peux que le citer tel quel, et en partie seulement, dans les paragraphes qui suivent.

« L’Église, en effet, est le bercail dont le Christ est l’entrée unique et nécessaire (Jn 10, 1- 10). Elle est aussi le troupeau dont Dieu a proclamé lui-même à l’avance qu’il serait le pasteur (cf. Is 40, 11 ; Ez 34, 11s.), et dont les brebis, quoiqu’elles aient à leur tête des pasteurs humains, sont cependant continuellement conduites et nourries par le Christ même, Bon Pasteur et Prince des pasteurs (cf. Jn 10, 11 ; 1 P 5, 4), qui a donné sa vie pour ses brebis (cf. Jn 10, 11-15). »

« L’Église est le terrain de culture, le champ de Dieu (1 Co 3, 9). Dans ce champ croît l’antique olivier dont les patriarches furent la racine sainte et en lequel s’opère et s’opérera la réconciliation entre Juifs et Gentils (Rm 11, 13-26). Elle fut plantée par le Vigneron céleste comme une vigne choisie (Mt 21, 33-43 par; Is 5, 1 s.). La Vigne véritable, c’est le Christ : c’est lui qui donne vie et fécondité aux rameaux que nous sommes : par l’Église nous demeurons en lui, sans qui nous ne pouvons rien faire (Jn 15, 1-5). »

« Bien souvent aussi, l’Église est dite la construction de Dieu (1 Co 3, 9). Le Seigneur lui-même s’est comparé à la pierre rejetée par les bâtisseurs et devenue pierre angulaire (Mt 21, 42 par. ; Ac 4, 11 ; 1 P 2, 7 ; Ps 117, 22). Sur ce fondement, l’Église est construite par les Apôtres (cf. 1 Co 3, 11), et de ce fondement elle reçoit fermeté et cohésion. Cette construction est décorée d’appellations diverses : la maison de Dieu (1 Tm 3, 15), celle dans laquelle habite la famille, l’habitation de Dieu dans l’Esprit (Ep 2, 19-22), la demeure de Dieu chez les hommes (Ap 21, 3), et surtout le temple saint » représenté par des sanctuaires de pierres et dont nous sommes les pierres vivantes.

« L’Église s’appelle encore “la Jérusalem d’en haut” et “notre mère” (Ga 4, 26 ; cf. Ap 12, 17) ; elle est décrite comme l’épouse immaculée de l’Agneau immaculé (Ap 19, 7 ; 21, 2.9 ; 22, 17) que le Christ “a aimée, pour laquelle il s’est livré afin de la sanctifier” (Ep 5, 26), qu’il s’est associée par un pacte indissoluble, qu’il ne cesse de “nourrir et d’entourer de soins” (Ep 5, 29) ; l’ayant purifiée, il a voulu se l’unir et se la soumettre dans l’amour et la fidélité (cf. Ep 5, 24), la comblant enfin et pour l’éternité des biens célestes, pour que nous puissions comprendre l’amour envers nous de Dieu et du Christ, amour qui défie toute connaissance (cf. Ep 3, 19).»  Que de richesses à contempler!
(19e texte d’une série sur Vatican II)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau