jeudi 27 décembre 2012

Vatican II et l’Église Corps mystique du Christ

Le paragraphe 7 du document sur « L’Église » présente et explique ce que nous sommes ensemble en Église en se servant de la notion paulinienne de Corps du Christ. Cette approche évoque le mystère de chacun et chacune de nous en tant que membres vivants du Christ Ressuscité.

Le Fils de Dieu incarné « a racheté l’homme en triomphant de la mort par sa mort et sa résurrection, et il l’a transformé en une créature nouvelle (cf. Ga 6, 15 ; 2 Co 5, 17). »  Et par le don de l’Esprit il a rassemblé de toutes les nations des humains qu’il a constitués comme son corps.

« Dans ce corps, la vie du Christ se répand à travers les croyants que les sacrements, d’une manière mystérieuse et réelle, unissent au Christ souffrant et glorifié. » Comme l’affirmait saint Paul : « Nous avons tous été baptisés en un seul Esprit pour n’être qu’un seul corps » (1 Co 12, 13). Puis, participant à la célébration eucharistique, « à nous tous nous ne formons qu’un corps, car tous nous avons part à ce pain unique » (1 Co 10, 17). Nous devenons ainsi les membres de ce corps (cf. 1 Co 12, 27), « étant chacun pour sa part membres les uns des autres» (Rm 12, 5). »

Cette image du corps pour évoquer ce que nous sommes en Église est riche d’enseignements.  Le même Paul nous enseigne que, comme tous les membres du corps humain, malgré leur multiplicité, ne forment qu’un seul corps, ainsi les fidèles dans le Christ (cf. 1 Co 12, 12). « Dans l’édification du Corps du Christ règne également une diversité de membres et de fonctions. Unique est l’Esprit qui distribue des dons variés pour le bien de l’Église à la mesure de ses richesses et des exigences des services (cf. 1 Co 12, 11). » Cette perception de ce que nous sommes comme membres de ce Corps, chacun selon sa vocation, ses grâces, dons et charismes, est fondamentale pour provoquer un renouvellement du sens de la dignité unique et de la richesse intime de chaque personne dans l’Église. Cette compréhension de ce que nous sommes en Église invite aussi à un respect mutuel, à une appréciation réciproque dans la diversité des engagements de toutes sortes, selon les vocations et charismes de chacun.

De ce Corps le Christ est la tête et il le comble des richesses variées (cf. Ep 1, 18-23).  Aussi « tous les membres doivent se conformer à lui jusqu’à ce que le Christ soit formé en eux (cf. Ga 4, 19). C’est pourquoi nous sommes assumés dans les mystères de sa vie, configurés à lui, associés à sa mort et à sa résurrection, en attendant de l’être à son règne (cf. Ph 3, 21 ; 2 Tm 2, 11 ; Ep 2, 6 ; Col 2, 12, etc.). »  De lui le Corps tout entier tire nourriture et cohésion pour opérer sa croissance en Dieu (Col 2, 19).

Dans son corps, le Christ Ressuscité « dispose continuellement les dons des ministères par lesquels nous nous apportons mutuellement, grâce à sa vertu, les services nécessaires au salut, en sorte que par la pratique d’une charité sincère nous puissions grandir de toutes manières vers celui qui est notre tête. » Il nous fait part généreusement de son Esprit qui vivifie le corps entier, l’unifie et le meut.

Ces enseignements de Vatican II nous rappellent le rôle premier, vital et toujours actuel du Christ Jésus et de son Esprit dans l’Église que nous formons ensemble. Ils nous révèlent aussi nos richesses uniques, de par ses dons et charismes, et nos diverses vocations et missions pour que l’Église puisse remplir aujourd’hui sa mission dans notre monde qui cherche son unité et sa paix.

Le Christ Ressuscité est notre paix. Nous sommes ses membres. Et dans sa grande bonté, il veut avoir besoin de nous pour semer dans notre histoire des énergies de fraternité et de bonheur, même si les chemins de son action ne sont pas restreints à l’œuvre de l‘Église. Toutefois, l’Église qui est son Corps est en fait le chemin en quelque sorte officiel, public et sûr de son action, malgré les faiblesses et tribulations des membres de cette Église.
(20e texte d’une série sur Vatican II)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau