Dans son discernement évangélique sur notre monde,
notre pape (La joie de l’Évangile par. 52ss) fustige « une économie de l’exclusion. » « De même que le commandement de “ne pas
tuer” pose une limite claire pour assurer la valeur de la vie humaine,
aujourd’hui, nous devons dire “non à une économie de l’exclusion et de la
disparité sociale”. Une telle économie tue. Il n’est pas possible que le fait
qu’une personne âgée réduite à vivre dans la rue, meure de froid ne soit pas
une nouvelle, tandis que la baisse de deux points en bourse en soit une. Voilà
l’exclusion. »
Il
fustige aussi la tolérance que nous pratiquons devant la nourriture gaspillée
alors que tant de personnes meurent de faim : « C’est la
disparité sociale.. » Le jeu de la compétitivité et de la loi du plus fort
s’imposent partout. Ainsi, « de grandes masses de population se voient
exclues et marginalisées : sans travail, sans perspectives, sans voies de
sortie. » L’être humain lui-même
est vu comme un bien de consommation, qu’on peut utiliser et ensuite jeter.
« Les exclus ne sont pas des ‘exploités’, mais des déchets, ‘des restes’. »
Pour
soutenir un tel style de vie qui exclut les autres, « on a développé une
mondialisation de l’indifférence. Presque sans nous en apercevoir, nous
devenons incapables d’éprouver de la compassion devant le cri de douleur des
autres, nous ne pleurons plus devant le drame des autres. » Et le pape a
ces paroles qui nous stigmatisent : « La culture du bien-être nous
anesthésie et nous perdons notre calme si le marché offre quelque chose que
nous n’avons pas encore acheté, tandis que toutes ces vies brisées par manque
de possibilités nous semblent un simple spectacle qui ne nous trouble en aucune
façon. »
Suis-je
englué dans la société de consommation? Est-ce que les drames qu’on montre en
abondance dans les médias ne sont pour moi qu’un spectacle et me laissent
indifférent? Y a-t-il autour de moi des exclus que je ne vois pas?
(16e
texte d’une série sur la joie)
† Roger
ÉbacherÉvêque émérite de Gatineau