Le pape François, dans La joie de l’Évangile, prend vigoureusement position contre le marché divinisé. En fait, ce qui est en jeu ici, c’est le refus de l’éthique et en définitive le refus de Dieu en ces domaines des finances et des affaires.
L’éthique relativise l’argent et le pouvoir. Alors,
on s’en méfie. « On la perçoit comme une menace, puisqu’elle condamne la
manipulation et la dégradation de la personne. » Quant à Dieu, il
« est incontrôlable, non-manipulable, voire dangereux, parce qu’il appelle
l’être humain à sa pleine réalisation et à l’indépendance de toute sorte
d’esclavage. »
Le pape exhorte les experts
financiers et les gouvernants politiques des différents pays à considérer les
paroles de saint Jean Chrysostome: « Ne pas faire participer les pauvres à
ses propres biens, c’est les voler et leur enlever la vie. Ce ne sont pas nos
biens que nous détenons, mais les leurs ».
Pour parvenir à une réforme
financière qui donne sa juste place à l’éthique, il faut que les responsables
financiers et politiques prennent de sages et fermes décisions. Et François
leur offre une orientation claire : « L’argent
doit servir et non pas gouverner ! Le Pape aime tout le monde, riches et
pauvres, mais il a le devoir, au nom du Christ, de rappeler que les riches
doivent aider les pauvres, les respecter et les promouvoir. Je vous exhorte à
la solidarité désintéressée et à un retour de l’économie et de la finance à une
éthique en faveur de l’être humain. »
Moi qui ne suis ni expert financier ni
responsable politique, comment une telle parole me rejoint-elle ?
Que puis-je faire en ce sens et à mon
niveau? Ai-je le désir et le courage de le faire ?
(19e
texte d’une série sur la joie)
† Roger
ÉbacherÉvêque émérite de Gatineau