Dans son discernement évangélique de ce que nous vivons actuellement, le pape François réfléchit sur notre hantise d'une plus grande sécurité. Oui, la violence est très présente dans nos sociétés. Mais quelles en sont les causes?
« Tant que ne s’éliminent pas l’exclusion sociale et la
disparité sociale, dans la société et entre les divers peuples, il sera
impossible d’éradiquer la violence. » On accuse les pauvres de causer
cette violence. « Mais, sans
égalité de chances, les différentes formes d’agression et de guerre trouveront
un terrain fertile qui tôt ou tard provoquera l’explosion. » Quand la
société abandonne dans la périphérie une partie d’elle-même, il n’y a ni
programmes politiques, ni forces de l’ordre qui puissent assurer sans fin la
tranquillité. En fait, cela arrive « parce que le système social et
économique est injuste à sa racine. »
François analyse cette racine structurelle de la violence dans nos
sociétés, à tous leurs niveaux. Les mécanismes de l’économie actuelle
promeuvent une exagération de la consommation. Il en résulte un esprit de
consommation effréné et une grande disparité sociale. Et cette disparité sociale « engendre tôt
ou tard une violence que la course aux armements ne résout ni résoudra jamais.
Elle sert seulement à chercher à tromper ceux qui réclament une plus grande
sécurité, comme si aujourd’hui nous ne savions pas que les armes et la
répression violente, au lieu d’apporter des solutions, créent des conflits nouveaux
et pires. »
« Certains se satisfont simplement en accusant les pauvres et les
pays pauvres de leurs maux.» Et c’est encore plus grave si on ferme les yeux
sur « ce cancer social qui est la corruption profondément enracinée dans
de nombreux pays – dans les gouvernements, dans l’entreprise et dans les
institutions – quelle que soit l’idéologie politique des gouvernants. »
Suis-je pris dans ces préjugés contre les pauvres ?
Comment lutter contre de tels préjugés dans mon milieu ?
Et le cancer de la corruption me touche-t-il ?
(20e
texte d’une série sur la joie)
† Roger
ÉbacherÉvêque émérite de Gatineau