Le paragraphe 87 de La joie de l’Évangile est particulièrement suggestif. Je le cite au complet.
« De nos jours, alors que les réseaux et les
instruments de la communication humaine ont atteint un niveau de développement
inédit, nous ressentons la nécessité de découvrir et de transmettre la
“mystique” de vivre ensemble, de se mélanger, de se rencontrer, de se prendre
dans les bras, de se soutenir, de participer à cette marée un peu chaotique qui
peut se transformer en une véritable expérience de fraternité, en une caravane
solidaire, en un saint pèlerinage. Ainsi, les plus grandes possibilités de
communication se transformeront en plus grandes possibilités de rencontre et de
solidarité entre tous. Si nous pouvions suivre ce chemin, ce serait une très
bonne chose, très régénératrice, très libératrice, très génératrice d’espérance!
Sortir de soi-même pour s’unir aux autres fait du bien. S’enfermer sur soi-même
signifie goûter au venin amer de l’immanence, et en tout choix égoïste que nous
faisons, l’humanité aura le dessous. »
Nous sommes invités à « dépasser le soupçon,
le manque de confiance permanent, la peur d’être envahi, les comportements
défensifs que le monde actuel nous impose. » C'est là renoncer au réalisme
« de la dimension sociale de l‘Évangile (…) L’Évangile nous invite
toujours à courir le risque de la rencontre avec le visage de l’autre, avec sa
présence physique qui interpelle, avec sa souffrance et ses demandes, avec sa
joie contagieuse dans un constant corps à corps. La foi authentique dans le
Fils de Dieu fait chair est inséparable du don de soi, de l’appartenance à la
communauté, du service, de la réconciliation avec la chair des autres. Dans son
incarnation, le Fils de Dieu nous a invités à la révolution de la tendresse. »
« Il s’agit d’apprendre à découvrir Jésus dans
le visage des autres, dans leur voix, dans leurs demandes. C’est aussi
apprendre à souffrir en embrassant Jésus crucifié quand nous subissons des
agressions injustes ou des ingratitudes, sans jamais nous lasser de choisir la
fraternité. »
Et le pape François nous exhorte : « Ne
nous laissons pas voler la communauté! »
Est-ce que je me contente de relations interpersonnelles
à travers un écran de télévision ou d’ordinateur?
Comment est-ce que Jésus dans l’Évangile me pousse
à aller vers l’autre, à le reconnaître comme mon frère, ma sœur?
(27e
texte d’une série sur la joie)
† Roger ÉbacherÉvêque émérite de Gatineau