« Nous avons besoin de reconnaître la ville à partir d’un regard contemplatif, c’est-à-dire un regard de foi qui découvre ce Dieu qui habite dans ses maisons, dans ses rues, sur ses places. La présence de Dieu accompagne la recherche sincère que des personnes et des groupes accomplissent pour trouver appui et sens à leur vie. Dieu vit parmi les citadins qui promeuvent la solidarité, la fraternité, le désir du bien, de vérité, de justice. Cette présence ne doit pas être fabriquée, mais découverte, dévoilée. Dieu ne se cache pas à ceux qui le cherchent d’un cœur sincère, bien qu’ils le fassent à tâtons, de manière imprécise et diffuse. »
C’est le pape François qui s’exprime ainsi dans La joie de l’Évangile (par. 71ss). Il note le défi ainsi
posé : comment y « imaginer des espaces de prière et de communion
avec des caractéristiques innovantes, plus attirantes et significatives pour
les populations urbaines » ? Et il ajoute : « Une
évangélisation qui éclaire les nouvelles manières de se mettre en relation avec
Dieu, avec les autres et avec l’environnement, et qui suscite les valeurs
fondamentales devient nécessaire. » Il s’agit d’atteindre avec la Parole
de Jésus les éléments centraux les plus profonds de l’âme de la ville.
« D’autre part, il y a des citadins qui obtiennent des moyens
adéquats pour le développement de leur vie personnelle et familiale, mais il y
a un très grand nombre de “non citadins”, des “citadins à moitié” ou des
“restes urbains”. La ville produit une sorte d’ambivalence permanente, parce
que, tandis qu’elle offre à ses citadins d’infinies possibilités, de nombreuses
difficultés apparaissent pour le plein développement de la vie de beaucoup. Ces
contradictions provoquent des souffrances déchirantes. Dans de nombreuses
parties du monde, les villes sont des scènes de protestation de masse où des
milliers d’habitants réclament liberté, participation, justice.»
Que propose le pape ? « La proclamation de l’Évangile sera une
base pour rétablir la dignité de la vie humaine dans ces contextes, parce que
Jésus veut répandre dans les villes la vie en abondance (cf. Jn 10, 10).
Le sens unitaire et complet de la vie humaine que l’Évangile propose est le
meilleur remède aux maux de la ville, bien que nous devions considérer qu’un
programme et un style uniforme et rigide d’évangélisation ne sont pas adaptés à
cette réalité. Mais vivre jusqu’au bout ce qui est humain et s’introduire au
cœur des défis comme ferment de témoignage, dans n’importe quelle culture, dans
n’importe quelle ville, perfectionne le chrétien et féconde la ville. »
Comment pouvons-nous y offrir l’Évangile de la liberté, de la
réconciliation, de la joie de vivre en abondance ? Quels pas faire
maintenant ?
Que signifie pour moi l’appel à ce que la Parole rejoigne l’âme de la
ville ?
(23e
texte d’une série sur la joie)
† Roger
ÉbacherÉvêque émérite de Gatineau