Aux paragraphes 127 et 128 de La joie de l’Évangile, le pape aborde une façon d’évangéliser qui concerne tous les baptisés. Il s’agit du rayonnement de notre foi dans la vie quotidienne, de personne à personne.
La description qu’il en donne est simple et claire : « Il
s’agit de porter l’Évangile aux personnes avec lesquelles chacun a à faire,
tant les plus proches que celles qui sont inconnues. C’est la prédication
informelle que l’on peut réaliser dans une conversation, et c’est aussi celle
que fait un missionnaire quand il visite une maison. Être disciple c’est avoir
la disposition permanente de porter l’amour de Jésus aux autres, et cela se
fait spontanément en tout lieu : dans la rue, sur la place, au travail, en
chemin. »
Puis François, ayant noté la nécessité d’y être toujours respectueux et
aimable, trace les étapes d’une telle rencontre. Relevons-en les articulations.
«Le premier moment consiste en un dialogue personnel, où l’autre personne
s’exprime et partage ses joies, ses espérances, ses préoccupations pour les
personnes qui lui sont chères, et beaucoup de choses qu’elle porte dans son
cœur. » C’est l’étape d’une écoute attentive et réceptive.
« C’est seulement après cette conversation, qu’il est possible de
présenter la Parole, que ce soit par la lecture de quelque passage de
l’Écriture ou de manière narrative, mais toujours en rappelant l’annonce
fondamentale : l’amour personnel de Dieu qui s’est fait homme, s’est livré
pour nous, et qui, vivant, offre son salut et son amitié. »
Le message évangélique s’exprime parfois de manière plus directe,
d’autres fois à travers un témoignage personnel, un récit, un geste, ou la
forme que l’Esprit Saint lui-même peut susciter en une circonstance concrète.
« Si cela semble prudent et si les conditions sont réunies, il est
bon que cette rencontre fraternelle et missionnaire se conclue par une brève
prière qui rejoigne les préoccupations que la personne a manifestées. Ainsi,
elle percevra mieux qu’elle a été écoutée et comprise, que sa situation a été
remise entre les mains de Dieu, et elle reconnaîtra que la Parole de Dieu parle
réellement à sa propre existence. »
Nous avons là des suggestions très vivantes, applicables et
stimulantes. Toutefois, en y réfléchissant, on peut prendre conscience que ce
témoignage de personne à personne est compromettant. Mais nous laisser envahir
par les doutes et les peurs étouffera toute audace. Et alors, « nous
serons simplement spectateurs d’une stagnation stérile de l’Église. »
Suis-je stimulé ou découragé par ces paroles? Est-ce que le petit
processus tracé par le pape peut me guider?
(31e
texte d’une série sur la joie)
† Roger ÉbacherÉvêque émérite de Gatineau