L’amour miséricordieux de Dieu
pour les humains est à l’origine de toute évangélisation. Dieu seul nous sauve
en nous envoyant son Fils Jésus et en nous donnant l’Esprit-Saint. L’Église
collabore à cette œuvre « comme instrument de la grâce divine qui opère
sans cesse au-delà de toute supervision possible. » Ainsi s’exprime
François dans La joie de l’Évangile (par. 112). Déjà Benoît XVI insistait
sur ce primat de la grâce lors du Synode sur l’évangélisation:
« Le premier mot, l’initiative véritable, l’activité véritable vient de
Dieu et c’est seulement en s’insérant dans cette initiative divine, c’est
seulement en implorant cette initiative divine, que nous pouvons devenir nous
aussi – avec Lui et en Lui – des évangélisateurs. »
Ce salut, œuvre de Dieu que
l’Église annonce joyeusement, est destiné à tous. Car Dieu a choisi de
convoquer tous les humains comme un peuple et non pas comme des êtres isolés.
« Personne ne se sauve tout seul, c’est-à-dire, ni comme individu isolé ni
par ses propres forces. Dieu nous attire en tenant compte de la trame complexe
des relations interpersonnelles que comporte la vie dans une communauté
humaine. » En d’autres mots, Dieu ne va pas à la pêche à la ligne, mais au
filet!
Être Église, c’est être Peuple
de Dieu pour « annoncer et porter le salut de Dieu dans notre monde, qui
souvent se perd, a besoin de réponses qui donnent courage et espérance, ainsi
qu’une nouvelle vigueur dans la marche. L’Église doit être le lieu de la
miséricorde gratuite, où tout le monde peut se sentir accueilli, aimé, pardonné
et encouragé à vivre selon la bonne vie de l’Évangile. » (par. 114)
Un principe fondamental doit
être médité. « En vertu du Baptême reçu, chaque membre du Peuple de Dieu
est devenu disciple missionnaire. » Chaque baptisé est un sujet actif de
l’évangélisation. « La nouvelle évangélisation doit impliquer que chaque
baptisé soit protagoniste d’une façon nouvelle. Cette conviction se transforme
en un appel adressé à chaque chrétien, pour que personne ne renonce à son
engagement pour l’évangélisation, car s’il a vraiment fait l’expérience de
l’amour de Dieu qui le sauve, il n’a pas besoin de beaucoup de temps de
préparation pour aller l’annoncer, il ne peut pas attendre d’avoir reçu
beaucoup de leçons ou de longues instructions. Tout chrétien est missionnaire
dans la mesure où il a rencontré l’amour de Dieu en Jésus Christ. » Le
pape réfère à l'exemple des premiers disciples (Jn 1, 41), de la
samaritaine (Jn 4, 39), de saint Paul (Ac 9, 20). Puis il ajoute : « Et nous,
qu’attendons-nous? »
Comment cette question me
rejoint-elle?
Notre Église est-elle imbibée
de cette certitude que tout baptisé est missionnaire? Quel pas ou quel geste
puis-je faire en ce sens?
(30e
texte d’une série sur la joie)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau