Le pape François, dans La joie de l’Évangile traite longuement de l'homélie (par. 135 à 159). Un
développement aussi élaboré marque bien l’importance qu’il donne à cette
activité en Église. « L’homélie est la pierre de touche pour évaluer la
proximité et la capacité de rencontre d’un pasteur avec son peuple. »
Mais cette activité réclame actuellement une sérieuse évaluation :
les récriminations sont nombreuses à son sujet. « De fait, nous savons que
les fidèles lui donnent beaucoup d’importance; et ceux-ci, comme les ministres
ordonnés eux-mêmes, souffrent souvent, les uns d’écouter, les autres de
prêcher. Il est triste qu’il en soit ainsi. L’homélie peut être vraiment une
intense et heureuse expérience de l’Esprit, une rencontre réconfortante avec la
Parole, une source constante de renouveau et de croissance. »
Pour cela, il faut retrouver le sens profond de l’homélie.
« C’est Dieu qui veut rejoindre les autres à travers le prédicateur, et
qu’il déploie sa puissance à travers la parole humaine. » Dieu vient avec
un ardent désir d’y dialoguer avec son peuple.
Pour que se vive ce dialogue, il faut que le prédicateur remplisse bien
des conditions. Je me contente de relever quelques points. L’homélie doit être
brève : ce n’est pas une conférence ou un cours. On doit y parler pour que
le peuple comprenne afin d’y recevoir courage, souffle, force et impulsion. Il
faut transmettre le plaisir de Dieu d’être avec les siens et ainsi ses Paroles
font brûler les cœurs.
Il faut donc soigner la forme dans laquelle la Parole est offerte.
« La préoccupation pour les modalités de la prédication est elle aussi une
attitude profondément spirituelle. Elle signifie répondre à l’amour de Dieu, en
se dévouant avec toutes nos capacités et notre créativité à la mission qu’il
nous confie; mais c’est aussi un exercice d’amour délicat pour le prochain,
parce que nous ne voulons pas offrir aux autres quelque chose de mauvaise
qualité. Dans la Bible, par exemple, nous trouvons la recommandation de
préparer la prédication pour lui assurer une mesure correcte : “Résume ton
discours. Dis beaucoup en peu de mots” (Si 32, 8). » Et le pape rappelle
le conseil d’un vieux maître : une bonne homélie doit contenir « une
idée, un sentiment, une image ».
C’est dire qu’une homélie doit être sérieusement préparée. « La
confiance en l’Esprit Saint qui agit dans la prédication n’est pas purement
passive, mais active et créative. Elle implique de s’offrir comme instrument
(cf. Rm 12, 1), avec toutes ses capacités, pour qu’elles puissent être
utilisées par Dieu. Un prédicateur qui ne se prépare pas n’est pas “spirituel”,
il est malhonnête et irresponsable envers les dons qu’il a reçus. »
Toute personne qui a à donner la Parole dans la liturgie est donc invitée
à reprendre ce texte si concret du pape.
Est-ce que je me sens moi-même concerné, interpelé, dérangé par ces
paroles ?
(32e texte d’une série sur la joie)
† Roger ÉbacherÉvêque émérite de Gatineau