lundi 28 juillet 2014

Une homélie joyeuse

Le pape François, dans La joie de l’Évangile traite longuement de l'homélie (par. 135 à 159). Un développement aussi élaboré marque bien l’importance qu’il donne à cette activité en Église. « L’homélie est la pierre de touche pour évaluer la proximité et la capacité de rencontre d’un pasteur avec son peuple. »
 
Mais cette activité réclame actuellement une sérieuse évaluation : les récriminations sont nombreuses à son sujet. « De fait, nous savons que les fidèles lui donnent beaucoup d’importance; et ceux-ci, comme les ministres ordonnés eux-mêmes, souffrent souvent, les uns d’écouter, les autres de prêcher. Il est triste qu’il en soit ainsi. L’homélie peut être vraiment une intense et heureuse expérience de l’Esprit, une rencontre réconfortante avec la Parole, une source constante de renouveau et de croissance. »
 
Pour cela, il faut retrouver le sens profond de l’homélie.  « C’est Dieu qui veut rejoindre les autres à travers le prédicateur, et qu’il déploie sa puissance à travers la parole humaine. » Dieu vient avec un ardent désir d’y dialoguer avec son peuple.
 
Pour que se vive ce dialogue, il faut que le prédicateur remplisse bien des conditions. Je me contente de relever quelques points. L’homélie doit être brève : ce n’est pas une conférence ou un cours. On doit y parler pour que le peuple comprenne afin d’y recevoir courage, souffle, force et impulsion. Il faut transmettre le plaisir de Dieu d’être avec les siens et ainsi ses Paroles font brûler les cœurs.
 
Il faut donc soigner la forme dans laquelle la Parole est offerte. « La préoccupation pour les modalités de la prédication est elle aussi une attitude profondément spirituelle. Elle signifie répondre à l’amour de Dieu, en se dévouant avec toutes nos capacités et notre créativité à la mission qu’il nous confie; mais c’est aussi un exercice d’amour délicat pour le prochain, parce que nous ne voulons pas offrir aux autres quelque chose de mauvaise qualité. Dans la Bible, par exemple, nous trouvons la recommandation de préparer la prédication pour lui assurer une mesure correcte : “Résume ton discours. Dis beaucoup en peu de mots” (Si 32, 8). » Et le pape rappelle le conseil d’un vieux maître : une bonne homélie doit contenir « une idée, un sentiment, une image ».
 
C’est dire qu’une homélie doit être sérieusement préparée. « La confiance en l’Esprit Saint qui agit dans la prédication n’est pas purement passive, mais active et créative. Elle implique de s’offrir comme instrument (cf. Rm 12, 1), avec toutes ses capacités, pour qu’elles puissent être utilisées par Dieu. Un prédicateur qui ne se prépare pas n’est pas “spirituel”, il est malhonnête et irresponsable envers les dons qu’il a reçus. »
 
Toute personne qui a à donner la Parole dans la liturgie est donc invitée à reprendre ce texte si concret du pape.
 
Est-ce que je me sens moi-même concerné, interpelé, dérangé par ces paroles ?
(32e texte d’une série sur la joie)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau